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Chroniques des morts étranges en Tamriel - tomes 1 et 2

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Chroniques des morts étranges en Tamriel - tomes 1 et 2 Empty Chroniques des morts étranges en Tamriel - tomes 1 et 2

Message par Lunerielle Jeu 2 Mai 2019 - 18:01


Chroniques des morts étranges en Tamriel – Tome 1


Maurty, le miel et les abeilles
 
 
 
Maurty, un jeune Mer, raffolait du miel. Il appelait ça « le nectar des dieux » et n'en tarissait pas d'éloges – sauf quand il en avait la bouche pleine, ce qui arrivait heureusement assez souvent.
Il avait toujours adoré le miel, depuis tout petit. Mais si son entourage trouvait charmants ses caprices d'enfant, quand il zézayait presque autant qu'une ruche pour réclamer l'onctueuse friandise, il avait trouvé ça de plus en plus pénible au fur et à mesure que ledit enfant grandissait. Maintenant que Maurty était adulte, on le qualifiait même de franchement détestable à ce sujet, voire pire si on était sûr qu’il n’entendait pas.
Il faut dire qu'il ne partageait pas grand-chose des qualités des vaillantes butineuses qui fabriquaient sans relâche cette précieuse douceur : il n'était ni travailleur ni sociable. Ce que Maurty préférait, c'était se prélasser dans un coin tranquille, à l'abri des corvées dont on le chargeait beaucoup trop souvent à son goût, et bien sûr avec un pot de miel à portée de main.
Pour satisfaire son appétit, il n'hésitait pas à se livrer à de menus larcins dans la réserve familiale ; car Maurty avait la chance d'appartenir à une famille d'apiculteurs. Une chance d'après les autres, mais pas selon lui : alors que le miel coulait à flots dans la fabrique de la famille, les égoïstes qui y travaillaient, s'opposaient à ce qu'il en mange à satiété dès que l'envie lui en prenait !
Maurty venait d'ailleurs de se faire sévèrement gronder par son grand-père, le patriarche et patron de l'entreprise familiale. Ce vieux rigoriste avare l'avait traité de fainéant, de parasite, d'incompétent… La réprimande s'était conclue par une sentence cruelle et injuste : Maurty serait privé de miel tant qu'il n'aiderait pas à s'occuper des ruches !
Le jeune Mer était furieux. Comment ce vieillard stupide osait-il le menacer ainsi ? Ah, il voulait que Maurty s'occupe des ruches ; eh bien, il allait voir ce qu'il allait voir !!
 
À la tombée du jour, Maurty se glissa silencieusement hors de la maison familiale. Pour une fois, ce n'était pas pour aller boire à la taverne du coin – sa seconde passion dans la vie – mais pour aller s'enivrer d'un délice plus sucré.
Il eut un peu de mal à retrouver le chemin du rucher ; il faut dire que cela faisait des années qu'il n'y avait pas mis les pieds ! Heureusement, les lunes étaient pleines et il finit par prendre la bonne direction.
Après pas mal de trébuchements et d’insultes marmonnées, Maurty atteignit enfin son but. Personne en vue. Se léchant les lèvres par avance, il s'approcha de la première ruche. Les abeilles étaient presque toutes rentrées pour la nuit ; tant mieux, il n'aimait pas ces bestioles. Sans leur divin nectar, il aurait foutu le feu à tout ça depuis bien longtemps !
Il n'avait évidemment rien retenu des cours et des conseils qu'on s’efforçait de lui inculquer depuis il était enfant. Il arracha donc d'un coup sec le toit de la ruche et y plongea les mains avec avidité. Il extirpa deux cadres dont les rayons luisants semblaient déborder de miel, parfaite récompense pour ses efforts ! Il porta le tout directement à sa bouche et se mit à arracher les opercules, recrachant les morceaux de cire après en avoir aspiré le délicat contenu.
Tout à sa tâche, Maurty ne remarqua même pas l'agitation qui bourdonnait de plus en plus fort autour de lui. Ce n'est que quand la première abeille le piqua qu'il réagit avec violence, agitant vivement les bras pour chasser les insectes, ce qui eut évidemment pour effet de les énerver encore plus.
Tandis que d'autres zélées ouvrières se sacrifiaient pour repousser ce brutal envahisseur, celui-ci commença à se sentir mal. De plus en plus mal. Il s'effondra à terre, cherchant en vain de l'air pour respirer. Son visage et ses mains couverts de miel s'engluèrent de fragments de terre et de végétaux.
 
C'est alors que Maurty se rendit – brièvement – compte qu'il était allergique au venin des abeilles…
 

Chroniques des morts étranges en Tamriel - tomes 1 et 2 _et_c_11


Dernière édition par Lunerielle le Lun 22 Juil 2019 - 9:51, édité 3 fois
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Chroniques des morts étranges en Tamriel - tomes 1 et 2 Empty Re: Chroniques des morts étranges en Tamriel - tomes 1 et 2

Message par anaximperator Sam 4 Mai 2019 - 10:11

Excellent Very Happy Une autre ! Une autre !
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Message par Jarael Jeu 23 Mai 2019 - 16:36

Il est Mort Ty ?
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Chroniques des morts étranges en Tamriel - tomes 1 et 2 Empty Re: Chroniques des morts étranges en Tamriel - tomes 1 et 2

Message par Lunerielle Lun 22 Juil 2019 - 9:50



Chroniques des morts étranges en Tamriel – Tome 2
 
Le rythme dans la peau
 
 
 


Shaporon était un Bréton qui avait le sens du rythme depuis son plus jeune âge. Encore au berceau, il n'aimait rien tant que taper dans ses mains pour accompagner les berceuses et comptines que sa mère fredonnait. Il savait à peine marcher et parler qu’il accompagnait déjà ses parents quand ils chantaient, pour le plus grand plaisir des villageois, sur le petit tambourin qu'une tante attentionnée lui avait offert à l'occasion de son deuxième anniversaire.
En grandissant, c'est tout naturellement qu'il avait rejoint l’école de bardes de Daguefilante, où il fit un parcours remarqué. Il était aussi apprécié de ses professeurs que de ses camarades, d'humeur souvent joyeuse quoique parfois altérée par quelques abus de boisson – assez rares heureusement.
À sa sortie de l’école, il se joignit à diverses troupes de musiciens et de chanteurs, toujours désireux de perfectionner son art et d'apprendre de nouveaux rythmes. Sa réputation allait croissant, et de riches seigneurs se mirent à l'inviter pour régaler leurs invités qu'il faisait danser jusqu’au bout de la nuit.
Shaporon n'en oubliait cependant pas ses origines modestes. Il aimait autant rythmer les soirées des puissants que des humbles, et on le croisait facilement ici où là sur les routes d'Hauteroche, jouant dans les plus luxueuses demeures comme dans les granges des plus modestes villages.
Bientôt, ses pas le conduisirent hors des frontières de son pays natal, où il recevait toujours bon accueil. Les préjugés les plus méfiants disparaissaient en effet très vite au son entraînant de ses tambours, tambourins et autres instruments de percussion. Certains murmuraient que c’était peut-être un effet de la magie brétonne qui coulait sans doute dans ses veines, mais il était bien difficile d'en tenir rigueur à un homme aussi gentil que talentueux !
Shaporon appréciait vraiment beaucoup son existence. Il savait qu'il avait de la chance de parcourir ainsi les vastes contrées de Tamriel et d'être aimablement accueilli par tous les peuples qu'il rencontrait. Il recherchait volontiers les conseils et les astuces de ses confrères étrangers. Il était assez sage pour esquiver les avances des filles et des femmes pas complètement libres. Il parvenait généralement à maîtriser son goût des bons vins, et même les rares fois où il se laissait aller à boire plus que de raison, il devenait certes un peu trop rieur ou un peu trop mélancolique, mais jamais agressif. Il s’endormait sur sa table bien avant l'heure des éventuelles bagarres de bar !
Une seule chose le rendait insatisfait : sa quête du meilleur son possible. À chaque fois qu’il arrivait dans une nouvelle ville, il se précipitait dans son école de musique et chez ses antiquaires pour tester tous les tambours et autres instruments du même type qu'il pouvait trouver. Il finit par apprendre à tanner des peaux et à fabriquer des fûts dans toutes sortes de matériaux, pour faire ses propres essais. Au fil des années, il essaya à peu près tout : antilope, smilodon, horqueur, ours, loup, mammouth, guar, serpent géant, ragnar, dreugh, alit et bien d’autres encore.
Il tenta même d’utiliser de la peau de créatures daedriques, en tremblant un peu mais résolu à affronter sa peur pour satisfaire sa passion dévorante. Il se procura deux morceaux de cuir dans une boutique aussi sinistre que hors de prix. Le vendeur lui expliqua que c’était du faucheclan et, article encore plus exceptionnel donc onéreux, du daedroth. La première tentative se solda par un échec : c'était de la peau pourrie, qui ne rendait qu'un son cacophonique, discordant et dérangeant. Quant à la seconde, dès qu'il commença à la frapper d’une baguette précautionneuse, elle s'embrasa, manquant de peu de lui brûler les doigts et réduisant l'instrument en un tas de cendres fumantes. Cette expérience avec les ténèbres d'Oblivion fut la seule de la vie de Shaporon : il était certes passionné, mais ni fou ni suicidaire.
Hormis ces deux fausses notes, sa collection d'instruments devint presque aussi célèbre que lui, mais il continuait ses recherches sans relâche, dans des contrées de plus en plus lointaines et exotiques.
Quand la grande île de Morrowind ouvrit ses portes aux voyageurs du continent, c'est tout naturellement que Shaporon suivit le mouvement. Il ne serait pas passé à côté d'une si belle occasion de découvrir de nouveaux rythmes, de nouveaux instruments, de nouvelles peaux ! Il ne fut pas surpris d’apprendre que même dans cette partie du monde si longtemps isolée, sa réputation l'avait précédé dans les cercles musicaux : cela faisait si longtemps qu’il jouait partout ! C’était au point que de jeunes bardes avaient créé une amusante chansonnette en son honneur, faisant rimer son nom et son origine. Ce n’était pas de la grande musique mais une de ces petites mélodies entêtantes qui reste en mémoire. D'ailleurs, Shaporon ne dédaignait pas de la siffloter ou de la fredonner, car il avait aussi le sens de l'humour.
En tout cas, il ne fut guère étonné, quelques jours à peine après son débarquement à Vivec City, quand un « serviteur » Argonien lui transmit l'invitation de l'un des sorciers Dunmers parmi les plus puissants – donc les plus anciens – qui le conviait cordialement à venir animer sa fête d'anniversaire. L'âge de l'individu n’était pas mentionné et Shaporon se garda bien d'y faire la moindre allusion, mais c’était peu dire que ce sorcier était un très vénérable ancêtre. Il vivait bien sûr dans un champignon géant, comme tous ses semblables, et si le musicien trouva qu’il en partageait un peu l'odeur, il ne se permit évidemment pas une remarque si sotte et dangereuse.
Son hôte fut des plus charmants, les invités nombreux et de haute naissance, la soirée agréable et joyeuse de bout en bout. Personne n'aurait osé faire autrement dans cette demeure imprégnée de magie depuis des siècles !
Le lendemain matin, alors que les derniers invités venaient de quitter les lieux, l’Elfe Noir pria Shaporon de partager son petit-déjeuner, ce qu'il s’empressa d'accepter, par politesse mais aussi parce qu’il était affamé après les rythmes trépidants qui avaient réjoui l'auditoire toute la nuit, en accompagnement de musiciens du cru, honorés de jouer avec un percussionniste si célèbre.
Le vieillard le remercia très chaleureusement, ne tarissant pas d'éloges sur sa prestation, propos auxquels le Bréton répondit avec sa modestie coutumière. Brusquement, le sorcier se leva d'un bond, faisant sursauter son vis-à-vis qui ne s'attendait pas à une telle énergie de la part de cet Elfe parcheminé.
 - Votre attitude me plaît, mon jeune ami ! Je rencontre rarement des gens aussi honnêtes et sages que vous, et cela mérite une récompense particulière !
Shaporon protesta qu'il avait déjà été rémunéré de manière extrêmement généreuse, ce qui était tout à fait vrai.
 - Je ne vous parle pas d'argent mais d'un bien unique que je possède depuis fort longtemps et qui prend la poussière dans ma cave, alors qu'il serait infiniment mieux employé entre vos mains expertes !
Il avait piqué la curiosité de son interlocuteur, qui ne rechigna donc pas – ou alors, à peine – à le suivre dans ladite cave, dans les profondeurs raciniennes et odorantes du champignon géant. Ils passèrent devant plusieurs portes fermées que Shaporon n'aurait ouvertes pour rien au monde, puis arrivèrent devant une armoire presque aussi vermoulue que son propriétaire. Celui-ci sortit un énorme trousseau de clefs d'une poche qui semblait vide l'instant d'avant. Il l’examina quelques secondes en marmonnant des paroles indistinctes, puis il sélectionna la bonne clef et ouvrit résolument l'armoire, d'un air réjoui que le Bréton s'efforça de ne pas trouver inquiétant.
Une seule chose était posée sur une étagère, que Shaporon identifia au premier coup d'œil : un étui à tambour. Il paraissait étrangement neuf dans ce décor hors d'âge, mais tout à sa passion, le musicien n’était plus en état de remarquer ce genre de détail.
 - Ce tambour a appartenu à un illustre sorcier des temps anciens, déclara l’antique Dunmer. Il n'en existe pas de pareil en ce monde, et son créateur prétendait qu'il avait un son incomparable, le son parfait pour celui qui avait la chance d'en jouer. Hélas, je n'ai jamais eu le moindre talent musical, aussi ce pauvre instrument s'ennuie-t-il dans mes réserves depuis des lustres ! Je suis sûr que vous en ferez bon usage ; c'est pourquoi je souhaite vous l'offrir.
Shaporon envisagea brièvement de refuser cet inestimable cadeau, mais ses mains le démangeaient trop et tout son corps vibrait d'impatience. Il fut tout juste capable de bredouiller des remerciements, la voix pleine d'une émotion sincère. Le vieillard lui tendit l'étui et lui fit signe de le suivre.
 - Remontons vite, j'ai hâte de vous entendre l'essayer !
Il ne fut pas déçu. Jamais tambour n'avait joué de rythmes ni de sons plus parfaits. Shaporon en eut les larmes aux yeux. Enfin, après des décennies de recherches dans les coins les plus reculés de Tamriel, il se sentait totalement comblé. Quand il eut fini de jouer, le vieillard l'applaudit avec enthousiasme, puis son visage devint extrêmement sérieux.
 - Je me dois de vous mettre en garde, mon jeune ami. Tout objet ensorcelé mérite des précautions d'usage avec lesquelles il ne faut jamais transiger, en aucune circonstance, sous peine d'en subir les redoutables conséquences !
Shaporon eut une horrible vision de sacrifices répugnants et de flots de sang, mais les paroles de son hôte le rassurèrent heureusement. Tout ce que l'instrument magique exigeait, c’était d’être enfermé dans son étui en cuir souple après chaque utilisation. En aucun cas – le Dunmer insista lourdement sur ce point – il ne fallait s'endormir près du tambour sans cette protection. Il ajouta que la vie de son propriétaire en dépendait, sans autre précision, mais le Bréton jugea la menace bien suffisante ! Il dut prêter solennellement serment de respecter cette consigne, laquelle ne lui parut pas particulièrement contraignante par rapport aux fantastiques qualités de l'instrument.
Il prit congé de son vénérable bienfaiteur peu après. Toutefois, alors qu’il franchissait la porte du champignon, une idée le frappa tout à coup. Il demanda à son hôte de quelle peau il s'agissait, afin de pouvoir réparer le tambour quand il s'abîmerait avec le temps.
 - Je ne peux pas vous le dire, mon jeune ami, mais n'ayez crainte : ses enchantements le rendent inusable ! Il se patinera mais ne vous fera jamais défaut… tant que vous tiendrez votre parole !
Shaporon ne put que constater la véracité de ses dires. Au fil des nombreuses années où il régala tous ses publics de sonorités et de rythmes toujours parfaits, le tambour ne connut jamais aucune défaillance, aucune craquelure, aucune éraflure. Le temps qui passait ne lui procura rien d’autre qu'une patine agréable à l’œil et au toucher.
Le percussionniste le plus apprécié du monde continua sans relâche ses voyages musicaux, même s'il ne cherchait plus qu'à partager le cadeau inestimable qu'il avait reçu. Il jouait pour des rois un jour, pour des mendiants le lendemain, avec un bonheur identique.
Il ne fonda pas de famille ; son cœur et son âme étaient trop pleins de musique pour laisser la place à ces autres accords.
En revanche, il n’hésita pas à accepter la glorieuse responsabilité d'un poste de professeur émérite à la prestigieuse école des bardes de Daguefilante, où il avait jadis étudié. Il fut un professeur aussi apprécié que l’élève qu'il avait été, respecté et respectueux de chacun. Outre des jeunes apprentis, des musiciens reconnus faisaient le déplacement pour suivre des stages de perfectionnement auprès de lui et pour essayer sa fantastique collection d'instruments rares ! Le seul qu'il réservait à son usage exclusif, c’était son précieux tambour magique, petite lubie qu'on lui passait bien volontiers même si quelques légendes se répondirent à ce sujet.
Shaporon aimait enseigner, transmettre son savoir, mais ce qu’il préférait, c’était reprendre la route, toutes les routes, pour y répandre ses rythmes joyeux ou tristes mais toujours parfaits, au milieu des musiques, des chants et des danses de tous les lieux et de tous les peuples de Tamriel.
Ses pas le conduisirent à plusieurs reprises à Morrowind, où il ne manquait jamais d'aller rendre visite à l'antique Dunmer qui lui avait fait ce don merveilleux. Le vieillard semblait à chaque fois plus ratatiné mais son esprit ne perdait rien de sa vivacité – et bien sûr, il s'ingéniait malicieusement à n'appeler Shaporon que « mon jeune ami », quand bien même son visage se ridait et ses cheveux grisonnaient ! Il n’oubliait jamais non plus de lui rappeler l'importance de sa promesse, mais le Bréton ne négligeait pas ce devoir impératif. Dès qu’il finissait de jouer, il rangeait le tambour dans son étui. C’était devenu comme un réflexe.
 
Ce jour-là, c'était un jour d'été comme il y en avait déjà eu tant d'autres dans la vie de Shaporon. Les années s'accumulaient mais le sang elfique qui coulait dans les veines de sa race, lui accordait une grande longévité, aussi était-il encore très alerte pour son âge.
Il arpentait gaiement un sentier non loin de son village natal, entraîné par le rythme de ses propres pas sur le sol aux résonances toujours légèrement changeantes. Il se rendait dans une ferme dont l'ancien propriétaire avait été un ami de ses parents. Il était absolument heureux, comme chaque jour depuis que le tambour battait à ses côtés.
Ce soir-là, il joua des mélodies endiablées et des ballades romantiques jusqu'à une heure avancée, tandis que l'un ou l'autre l'accompagnait, qui en jouant de la flûte, qui en jouant du luth, qui en chantant de vieilles ritournelles ou des airs à la mode. Les fermiers avaient sorti pour l'occasion quelques boissons qu'ils distillaient eux-mêmes, notamment une recette secrète qui était dans leur famille depuis des générations, où ils mélangeaient beaucoup de plantes et une certaine quantité de miel. Shaporon fit honneur à ce délicieux breuvage mystérieux, plus que de raison mais la soirée était si douce et l'ambiance si agréable, avec ces gens qui bavardaient, riaient et dansaient joyeusement autour des feux de camp qui illuminaient la nuit ! Pourtant, l’âge n'avait pas amélioré sa capacité à tenir l'alcool, bien au contraire…
Il s’endormit sans s'en rendre compte, sur un confortable lit de camp près de la douce chaleur des flammes. Son tambour était à côté de lui mais l’étui protecteur était encore dans le sac à dos où il l'avait rangé au début de la soirée.
Ses hôtes le laissèrent dormir sur place ; il ne risquait pas de prendre froid et eux-mêmes avaient hâte de regagner leur lit, ce que la plupart firent en titubant.
Peu avant l'aube, une brume inhabituelle se leva près du dormeur, si épaisse qu'elle le fit totalement disparaître, et le tambour avec lui, avant de se dissiper sous les premiers rayons du soleil estival.
Ce matin-là, quand les habitants de la ferme se levèrent et apportèrent de quoi manger à l’illustre musicien qui leur avait fait l'honneur de jouer pour eux, ils eurent la surprise la plus déconcertante et épouvantable de leur vie. De l'autre côté du feu qui brûlait toujours, sur le lit de camp, près d'une bouteille presque vide de leur fameuse liqueur secrète, il n'y avait plus qu’un squelette aux os parfaitement blancs, dont une main semblait tendue vers un tambour dont la peau luisait doucement de l’éclat du neuf, prêt à vibrer d’un nouveau rythme sonore…
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